Bivouaquer ou renoncer

Le vieux principe selon lequel il faut à tout prix éviter de bivouaquer en montagne se justifiait à l’époque où l’équipement était rudimentaire. De nos jours, il est tout à fait possible de passer une nuit à la belle étoile en haute montagne, sans courir de dangers particuliers, si l’on applique quelques règles simples. Certains bivouaquent même pour le plaisir, ou pour éviter les refuges surchargés.

Choix de l’emplacement du bivouac

C’est un élément très important. Pour que le choix soit possible il faut être prévoyant et y songer avant la tombée de la nuit.

Il faut que l’emplacement soit à l’abri des dangers objectifs (attention aux cheminées-cascades et à l’accumulation de la neige entre la paroi et le bivouac), à l’abri du vent et si possible sur une surface horizontale et plane.

Une rimaye ou une crevasse bouchée peuvent offrir un bon abri.

Organisation du bivouac

Installer en premier lieu un assurage mobile sous la forme d’une corde fixée à la paroi sur laquelle on fera coulisser les mousquetons d’auto-assurage. S’auto-assurer et assurer le matériel.

Aménager l’emplacement en enlevant les pierres gênantes et les utiliser pour construire un muret de protection contre le vent.

Bien stabiliser le réchaud et commencer à faire fondre la neige.

Etendre éventuellement le sac de bivouac en demi pente de toit en fixant un des côtés à la paroi l’autre étant maintenu par des pierres.

Utiliser corde, sac à dos, couverture de survie etc… en guise de matelas pour vous protéger du froid qui vient du sol.

Ne pas oublier de délasser les chaussures. On peut également enfiler les pieds dans le sac à dos. Certain sac à dos possèdent une armature amovible en mousse armée, à utiliser pour s’asseoir dessus.

Savoir renoncer

Pendant la course garder en mémoire quatre facteurs importants : l’humain, les conditions, le terrain, le timing.

Au point de non retour, une analyse de ces quatre facteurs aidera à décider de continuer ou non.

 

  • dans quel état physique est la cordée ?
  • les conditions de la course et météorologiques sont-elles bonnes ?
  • le terrain est-il acceptable ?
  • reste-t-il assez de temps ?

Sommet et retour

Le sommet

La course ne se termine pas au sommet. Dans bien des cas, c’est en fait là qu’elle commence !

La fatigue, la neige ramollie, les chutes de pierres, la difficulté de trouver le bon cheminement font du retour une entreprise qui doit être prise très au sérieux.

Le montagnard conscient ne perd pas de temps au sommet. Le repos, le pique-nique et le tour d’horizon ne sont pas des pertes de temps s’ils sont raisonnables.

La descente

C’est souvent la phase périlleuse de la course.

Le chef de cordée descend toujours en dernier. En terrain difficile, il ne descend que lorsque le relais est établi. Il incombe au premier à descendre de poser les assurages intermédiaires.

Si possible, éviter les rappels qui font perdre beaucoup de temps et ne sont pas exempts de risques.

Le retour

On ne plie la corde qu’une fois en dehors du glacier.

Si vous repassez par la cabane, prévenez le gardien de votre retour et informez-le sur les conditions de la course.

La descente vers le fond de la vallée… et la bière fraîche, se fait généralement sur sentier. On préserve ses genoux et sa colonne vertébrale en adoptant une marche souple et régulière. L’utilisation des bâtons de marche améliore le confort de la descente.
On préserve le sentier en évitant de prendre des raccourcis.

Les incidents

Perte de matériel

S’il s’agit de matériel indispensable (crampons, piolet…) faire demi-tour si cela est encore possible.

Attention en installant le rappel ! La corde ne doit jamais être tenue par une seule personne, un faux mouvement et l’on se retrouve sans corde. Le mieux est d’assurer la corde pendant les manœuvres.

Si on perd le descendeur il est toujours possible de descendre, soit en utilisant le demi-cabestan sur mousqueton de sécurité, soit « à l’ancienne » (passez la corde en S autour du corps).

Coincement de corde

En premier lieu il faut faire en sorte que la corde ne se coince pas (ne jamais laisser de nœuds sur la corde, éviter qu’elle ne s’enfile dans une fissure etc…).

Si elle est coincée, ne pas aggraver la situation en tirant dessus inconsidérément.

 

Ne jamais remonter sur une corde coincée. Il faut escalader la paroi.

Chutes de pierres

Observer leur trajectoire et essayer de les éviter. Le sac peut servir de bouclier.

Chute d’un grimpeur

Ne pas céder à la panique. Prendre les dispositions nécessaires pour ne pas tomber soi-même.

Si possible mettre le blessé à l’abri des dangers objectifs, l’installer confortablement, le protéger du froid et lui donner du chaud à boire.

Organiser les secours.

Mauvais temps

Ne pas faire automatiquement demi-tour; il arrive souvent que le salut soit vers le haut. C’est la connaissance du massif, le sens de la montagne, et surtout une bonne préparation qui permettent de décider.

Itinéraire et passages délicats

Recherche de l’itinéraire

Regarder toujours au-delà de la longueur en cours.

Ne pas hésiter à aller regarder derrière une arête ou à explorer une vire sur toute sa longueur. Le topo-guide ne doit être qu’un dernier recours.
Penser aux premiers ascensionnistes qui n’avaient pas de description de la course.

Éviter de se lancer vers n’importe quel piton ou anneau de corde; ils peuvent être les témoins d’erreur ou de retraite.

Rester dans les difficultés en accord avec les cotations de la course.

Les passages délicats

Traversées

Multiplier les assurages intermédiaires pour éviter que celui qui tombe ne fasse un trop grand pendule.

Lorsqu’une traversée facile suit un passage d’escalade difficile le premier de cordée place un point d’assurage au début de la traversée pour assurer le second dans les difficultés.

Si un passage difficile suit une traversée, le premier de cordée ne mousquetonne qu’un brin de corde au pied du passage difficile (dans le cas ou l’on grimpe avec une corde à double).

Pendule

Toujours s’assurer qu’un retour éventuel est possible.

Voir le désastre de la face nord de l’Eiger lors de la première tentative de 1936. Cette tentative a été infructueuse et les quatre alpinistes sont morts lors de la descente ne pouvant pas faire en sens inverse la fameuse traversée Hinterstoisser.

Descente

Le premier à descendre pose les points d’assurage pour le second. Le second peut se faire assurer en passant la corde derrière un becquet

Couloirs délités

Faire relais sous un bloc surplombant ou au pied d’un ressaut. En marche simultanée, rester très près les uns des autres.

Pentes avalancheuses

Ne pas couper la pente (ou bien le plus haut possible). Descendre en suivant la ligne de plus grande pente (comme à ski).

Progression simultanée ou alternée

Les membres d’une cordée progressent soit ensemble, soit à tour de rôle

Ensemble : Progression simultanée ou « aux anneaux »

Fréquente sur la neige et en rochers faciles non exposés.

Marcher corde tendue, le chef de cordée n’ayant que trois ou quatre petits anneaux à la main.

Sur glacier enneigé, utiliser le maximum de longueur de corde entre les deux membres de la cordée. Mais au préalable, chacun aura fait une réserve de corde sous forme d’ anneaux de buste au cas ou il faudrait sortir son compagnon d’une crevasse.
Avec une corde de 40 mètres, environ 20 mètres de distance et le reste répartit en réserve.

En rochers, en revanche, la distance entre les deux grimpeurs est réduite. A chaque fois que cela est possible faire « slalomer » la corde entre les becquets de l’arête.

Au moindre risque de chute il est indispensable d’avoir au moins un point d’assurage.

Lorsque le terrain ne se prête pas à l’assurage (arête de neige par exemple), la distance entre le chef de cordée et le compagnon ne devrait pas dépasser un mètre cinquante à deux mètres.
C’est le seul moyen de rattraper une perte d’équilibre avant que celle-ci ne se transforme en une chute que rien, ni personne, ne pourra stopper.

Prudence sur une vire facile dominant le vide !

à tour de rôle : Progression alternée ou « aux longueurs »

Utilisée en terrain difficile ou dangereux.

Un seul grimpeur progresse à la fois assuré par son compagnon, lui-même auto-assuré au relais.

Le cas idéal est celui de la cordée réversible où chaque grimpeur monte alternativement en tête.

Pour une discussion détaillée des différentes méthodes de progression se référer aux techniques de progression.

l’Attaque

L’attaque d’une voie

L’endroit où commence l’escalade aura été préalablement localisé avec précision, et les nombreux points de repères pris lors de l’approche auront permis de l’atteindre.

Se méfier des fausses traces de départ. Un piton ou une cordelette peuvent être le vestige d’une retraite.

La longueur d’encordement est fonction du terrain et du type de progression.

Si possible, éviter les trop grandes longueurs de corde. La sécurité n’en est pas meilleure, au contraire, et la progression s’en trouve ralentie.

Lors de passages faciles ne pas hésiter à raccourcir la distance entre les membres de la cordée en faisant des anneaux de buste (voir la vidéo).