Cas particuliers

Cas particuliers

Les cas particuliers d’un glacier

Ce schéma montre comment se forment les rimayes, les séracs et les crevasses.

Schéma avalanche-net

rimayes

Ce sont des crevasses qui se forment au pied des parois rocheuses ou des couloirs de glace, lorsqu’il y a un brusque changement dans l’inclinaison de la pente.

En début de saison, elles sont souvent partiellement bouchées par des restes de coulée de neige provenant des pentes supérieures. Pour les franchir, prendre les mêmes précautions que dans le cas des crevasses.

En fin de saison, elles sont beaucoup plus ouvertes et présentent souvent une dénivellation importante entre la lèvre inférieure et la lèvre supérieure. Elles deviennent alors beaucoup plus difficiles à négocier. Si la neige est molle et instable il ne faut pas hésiter à enfoncer les bras le plus profondément possible. Parfois il est nécessaire de pratiquer la courte-échelle. Dans des cas extrêmes, le grimpeur est parfois amené à utiliser des techniques de progression artificielle.

L’endroit où se franchit la rimaye doit être choisi avec soin. Il faut tenir compte non seulement de sa difficulté mais aussi de son exposition aux chutes de pierres ou de glace.

Pour cette raison, il est bon d’aller repérer le meilleur passage la veille de la course et, si besoin est, de l’équiper.

A la descente, les précautions à prendre sont à peu près les mêmes qu’à la montée. Si la rimaye est ouverte, il faut la sauter en étant très souple à la réception. Si elle est trop haute, il faut poser un rappel.

Séracs

Un sérac est un bloc de glace de grande taille formé par la fracturation (dépassement du seuil de plasticité de la glace) d’un glacier. Étant donné que les glaciers « coulent » continuellement, des pans de séracs peuvent s’écrouler de façon soudaine et imprévisible à n’importe quel moment.

Traverser une zone de sérac est extrêmement dangereux pour les montagnards. On parle de risque objectif. Chaque année, les chutes de séracs sont  à l’origine de nombreux accidents.

Crevasses ouvertes

Si elle est en glace, on saute à l’endroit où elle est la plus étroite, mais aussi à l’endroit où les aires d’élan et de réception sont les meilleures.

Si elle est en neige, se déplacer latéralement pour voir si les lèvres de la crevasse sont surplombantes, puis, bien assuré, avancer jusqu’au bord en tassant la neige sous les pieds. Si la crevasse n’est pas trop large, sauter du bord, sinon revenir quelques pas en arrière pour prendre son élan.

Tenir le piolet légèrement en avant et de côté, être souple à la réception. Si l’on juge que la réception est délicate enlever les crampons.

Crevasse couverte et pont de neige

Il faut apprendre à deviner les crevasses couvertes, ce sont les plus dangereuses. Au printemps ou en été, elles sont décelables par l’aspect de la neige qui les recouvre: celle-ci est mate, sa surface est légèrement incurvée et parfois parcourue de petites fentes.

Dans la mesure du possible, contourner la crevasse. Si cela n’est pas possible, utiliser un pont de neige pour la franchir. Bien assuré par le second, le premier de cordée avance avec prudence, sans à coups, en sondant la neige avec son piolet.

En cas d’effondrement, se jeter vivement en avant ou en arrière de tout son long, sans lâcher le piolet. Si le pont paraît fragile, passer « à quatre pattes », ou même en rampant, afin de répartir le poids du corps sur une plus grande surface. Si le pont de neige est incliné ne pas hésiter à se laisser glisser.

Les ponts de neige sont particulièrement dangereux aux premières neiges et en cas de redoux.

Corniches

Elles se forment sur les arêtes, du côté opposé au vent et surplombent le vide. Leur taille est variable, mais il arrive qu’elles avancent de plus de 20 mètres sur le vide.

Il est impossible d’estimer leur solidité. Il est donc dangereux de progresser sous des corniches ou de s’avancer jusqu’à dominer le vide.

Arêtes de neige

Lorsqu’elles sont en bonne neige et sans corniches, les arêtes ne présentent pas de danger particulier. Les grimpeurs progressent ensemble, en suivant le fil (l’encordement est très court). Si un membre de la cordée tombe d’un côté, l’autre doit sauter du côté opposé de l’arête; c’est le seul moyen de s’en sortir.

Lorsque l’arête est aiguë, le grimpeur progresse en se tenant à califourchon sur l’arête. Ce moyen, s’il n’est pas rapide et, en revanche, très sûr.

Lorsque l’arête est fragile parce qu’elle est en neige instable et/ou bordée d’une corniche, la progression se fait en contrebas en utilisant les techniques de cramponnage en traversée. Dans ce cas, l’assurage est plus délicat. En revanche, si chaque grimpeur a la possibilité de progresser sur le versant opposé, l’assurage est alors automatiquement réalisé.

Utilisation des crampons

Utilisation des crampons

Les crampons sont fréquemment utilisés sur toute pente de neige dure et de glace, sur glacier non recouvert de neige, sur rochers verglacés et peuvent même parfois être d’un grand secours sur des pentes raides de terre nue ou recouverte d’herbe humide.

Fixation des crampons

La fixation des campons se fait souvent de nuit; c’est pourquoi il faut s’entraîner à l’avance. Les crampons doivent être parfaitement adaptés aux chaussures; attention donc si vous avez changé les uns ou les autres.

Il est inutile de vouloir présenter le crampon sous la chaussure; c’est le pied qui doit venir se loger sur le crampon posé à plat par terre, toutes boucles dehors.

Penser à mettre le baudrier avant les crampons, surtout si le cuissard est enfilé par les pieds.

Dans le cas des crampons à lanières, il importe de serrer convenablement celles-ci; ni trop serrées pour ne pas risquer de couper la circulation du sang et provoquer des gelures, ni trop lâches pour éviter que le crampon ne tourne et se détache de la chaussure.

Cramponnage (marche en crampons)

Au début, il est important de s’astreindre à marcher les pieds et les jambes légèrement écartés pour éviter d’accrocher les guêtres ou le pantalon avec les pointes des crampons.

Les pointes doivent pénétrer verticalement dans la neige; ne pas traîner les pieds et ne pas courir.

Il existe deux techniques très différentes, opposées dans le principe mais en fait complémentaires selon la nature du terrain et aussi pour alterner la fatigue musculaire. La technique dite « française » ou « toutes pointes » et la technique « pointes avant ».

La technique « française »…

…du cramponnage ressemble fortement à l’escalade de dalles de rocher par simple adhérence de la semelle.

Imaginez que vous gravissez une dalle lisse dont la pente s’accentue peu à peu. Les étapes de la progression seront les suivantes:

  1. montez en ligne droite,
  2. écartez les pieds, en les ouvrant suivant un angle de 90 degrés environ,
  3. progressez obliquement, la main amont appuyée contre la paroi pour maintenir le corps en équilibre et écarté de la paroi,
  4. orientez les pieds vers l’aval et tournez progressivement le corps vers l’extérieur, jusqu’à ce que vous tourniez presque le dos à la paroi,
  5. finalement, il vous faudra faire face au rocher et utiliser les petites prises avec la pointe des chaussures – vous vous retrouvez ainsi dans la position du cramponnage « pointes avant ».

Lors des quatre premières phases, les pieds reposent à plat sur la surface d’appui.

Cette technique est utilisée pour monter, descendre ou traverser des pentes qui peuvent être relativement raides, tout dépend des possibilités de flexion des chevilles. Pour faciliter la flexion, évitez de lacer les chaussures jusqu’en haut de la tige.

Sur pente faible (jusqu’à 25 degrés)

En montée directe: pieds en position normale, plus ou moins ouverts selon la pente.

En montée oblique et en traversée: pied amont presque horizontal, pointe du pied aval légèrement tournée vers le bas.

A la descente: pieds légèrement ouverts.

Position du piolet: piolet-canne.

Sur pente moyenne (de 25 à 40 degrés)

En montée directe ou oblique et en traversée: pied amont horizontal, pointe du pied aval tournée vers le bas.

A la descente: pieds ouverts, genoux pliés, buste penché en avant.

Position du piolet: piolet-canne dans la plupart des cas, mais aussi piolet-ramasse, piolet-appui ou piolet-manche.

 

Lorsque la pente devient trop forte pour les capacités du grimpeur et/ou les conditions de neige et de glace deviennent trop mauvaises, il vaut mieux monter ou descendre en utilisant uniquement les pointes antérieures des crampons (technique « pointes avant »).

La technique des « pointes avant »…

…qui consiste à planter les pointes avant des crampons dans la neige (ou la glace) pour progresser, permet de s’élever selon la ligne de la plus grande pente, tout en ménageant ses chevilles.

Cette façon de monter est plus naturelle que celle des pieds à plat. Elle est aussi plus rapide, car la distance à parcourir est moindre. Elle demande cependant une certaine vigueur des muscles de la cheville et du mollet.

Bien apprise et exercée, cette technique permet d’escalader des murs de neige/glace très raides.

A la montée comme à la descente: le montagnard s’élève ou descend directement face à la pente. Le pied prend uniquement appui sur les pointes frontales. Les pointes sont enfoncées d’un seul coup et les talons sont maintenus en position basse (comme dans l’escalade rocheuse).

Le piolet peut être utilisé selon plusieurs techniques: piolet-traction, piolet-appui ou combinaison des deux si l’on dispose de deux piolets.

Prudence

Bottage des crampons

L’accumulation de neige sous les crampons peut former des sabots qui empêchent les pointes de pénétrer dans la neige et entraînent des risques sérieux de chute.

Le bottage se produit surtout en neige profonde humide, neige fraîche réchauffée par le soleil, ou neige gros sel. Conditions rencontrées fréquemment lors de la descente.

Pour détacher les sabots de neige, on frappe le rebord extérieur de chaque crampon avec l’extrémité du piolet. Avec de l’habitude, le débottage se fait dans la foulée, en frappant alternativement chaque crampon à chaque pas.

En principe, tous les crampons du commerce sont aujourd’hui équipés de semelles anti-bottage.

Portage du matériel

Pour éviter toute gêne et tout risque de blessure, il faut faire attention de ne pas avoir autour du buste des anneaux de corde ou des sangles trop longs. On évitera aussi de fixer des anneaux aux bretelles du sac car les pointes arrières des crampons peuvent s’y accrocher et provoquer la chute.

Les vis à glace seront fixées sur le côté ou à l’arrière du corps, jamais devant, car en cas de chute elles pourraient provoquer des blessures au bas-ventre ou aux cuisses.

Progression

Évitez de progresser les uns derrière les autres pour ne pas se faire faucher par la chute éventuelle de celui qui grimpe au-dessus.

Cela est d’autant plus vrai lorsque plusieurs cordées sont engagées dans la même voie. L’accident survenu à la Tour Ronde illustre parfaitement ce propos. La cordée de tête a dévissé et a entraîné dans sa chute toutes les cordées qui progressaient dans le même axe, faisant plusieurs morts et de nombreux blessés.

Utilisation du piolet

Utilisation du piolet

Utilisation du piolet

Le piolet sert, à tailler les marches, comme moyen de sondage pour déceler les crevasses cachées, comme moyen d’assurage, mais d’abord et surtout comme point d’appui pendant la progression, l’escalade glacière, pour arrêter une glissade, et… pour le fun des descentes en ramasse (ou glissades sur les semelles).

Tenue du piolet

Une des premières questions que se pose le débutant est: comment tenir mon piolet

La réponse de Yvon Chouinard, glaciairiste éminent, est la suivante:

« Tenez toujours le piolet la pointe en avant, loin du corps, … la paume de la main prend appui sur la panne, le pouce repose sur l’œilleton, et l’index est allongé le long de la pointe. Lorsque le piolet est tenu correctement, la pointe s’aligne directement sur le bras tendu. »

A la descente, certains guides préconisent de tenir le piolet pointe en arrière. La raison invoquée est, que lors d’une chute vers l’arrière, la pointe du piolet vient naturellement se planter dans la neige, avec le double avantage de diminuer les risques de blessure et d’avoir le piolet en bonne position pour freiner la glissade.

Malheureusement l’inverse est vrai lors d’une chute vers l’avant.

On peut cependant affirmer que les chutes sur les fesses ou le dos sont beaucoup plus fréquentes, surtout chez le débutant qui a tendance à ne pas se pencher suffisamment en avant lors de la descente.

Piolet – 3ème point d’appui !

Bien utilisé, le piolet est un remarquable outil de progression et de sécurité. On distingue six façons principales d’utiliser le piolet.

Piolet-canne (montée)

Le grimpeur tient le piolet de façon à prendre appui sur lui, c’est l’utilisation la plus courante du piolet.

Piolet-canne (descente)

A la descente, le piolet est tenu de façon à ce que le pic soit dirigé vers l’arrière.

Dans un article qui m’a paru intéressant, Yves Saliba décrit la façon de tenir le piolet lorsqu’il est utilisé comme canne.

Piolet-ramasse

Le piolet est tenu à deux mains, à peu près horizontalement devant soi, la pointe plantée dans la neige, le pic dirigée vers l’avant. La main la plus éloignée de la pente coiffe la tête du piolet, paume reposant sur la panne. Cette main exerce une traction vers le haut. L’autre main saisit le manche du piolet à proximité de la pointe tout en exerçant un appui.

La technique du piolet-ramasse est fréquemment utilisée à la montée ou à la descente en biais, et lors de la traversée de pentes raides.

Piolet-ancre

Le piolet peut être planté au-dessus de soi, à bout de bras; l’ancrage se fait alors en tenant le manche d’une seule main près de la douille. Pour s’élever, on exerce une traction sur le manche du piolet – technique dite du « piolet-traction ». Le piolet peut également être planté à deux mains, au niveau des hanches , est être utilisé en appui. Le piolet-ancre est utilisé sur les pentes fortes et très fortes, à la montée, en traversée et à la descente.

Piolet-rampe (utilisé à la descente)

Le montagnard face au vide, plante le pic du piolet au niveau des pieds. Le piolet est tenu d’une seule main.

Pendant que le montagnard descend, la main coulisse le long du manche en exerçant une force vers le haut, arrivée aux frettes elle retire le piolet.

 

Piolet-appui

le piolet est tenu d’une seule main par la panne ou le manche. Si la main repose sur la panne – technique du « piolet-panne » – le piolet prend appui sur la pente par la pointe et le pic en même temps. Cette technique peut être utilisée à la montée, et à la descente face à la pente.

Au lieu de prendre appui sur la panne, la main peu aussi prendre appui sur le manche. Si la main tient le manche par son extrémité, seule le pic mord dans la neige – technique utilisée en descente face à la pente (similaire au piolet-rampe) .

Piolet-manche

le piolet, généralement tenu à deux mains pour plus de force, est planté verticalement devant soi, le plus profondément possible dans la neige. La traction doit s’exercer près de la neige. Cette technique est utilisée dans les pentes fortes et très fortes et les passages de rimayes, en neige dure mais surtout profonde.

Taille des marches

L’usage des crampons a relégué la fastidieuse corvée de la taille des marches aux oubliettes. Il arrive cependant que l’on se trouve parfois sans crampons sur une neige trop dure ou sur de la glace, ou bien que l’on se heurte à un passage raide dans une course facile. On utilise alors le piolet pour tailler les quelques marches qui permettront de poursuivre en toute sécurité.

Avant de commencer à tailler, bien observer le terrain afin de déterminer ses points faibles et forcer le passage avec le minimum de marches. Assurer son équilibre pour pouvoir tailler avec précision et un nombre minimal de coups de piolet.

On taille en utilisant le pic et la panne du piolet. Celui-ci est tenu de préférence à deux mains près de la douille.

Si la pente est raide, on taille d’une main (la main aval), l’autre main étant appuyée contre la pente ou se tenant à une prise préalablement taillée dans la glace.

Sur pente très raide, il est parfois agréable d’appuyer la jambe et le genou amont contre la pente pour maintenir l’équilibre.

Il faut savoir que la précision des coups est plus importante que la force. Il faut s’exercer à tailler aussi bien de la main droite que de la main gauche. A la descente, les marches seront plus proches les unes des autres qu’à la montée.

En neige très dure on aura souvent avantage à tailler des encoches pour la semelle « dans la foulée », c’est à dire au rythme de la marche. L’avantage de cette méthode est double: rapidité et moindre effort.

Le piolet est tenu d’une seule main; on fait décrire à la tête du piolet un mouvement de pendule de sorte que la panne vienne attaquer la neige presque tangentiellement, un coup de piolet suffit pour tailler une encoche. En synchronisant le mouvement du bras avec celui de la marche, on peut ainsi tailler une petite marche juste devant le pied qui va s’y placer.

Piolet-frein …ou comment arrêter une glissade

Les techniques décrites ici sont celles qui permettent au montagnard d’arrêter lui-même une glissade involontaire, sans intervention de la corde (ou freiner une glissade pour réduire le choc sur la corde). Il y a quatre principes à observer:

  1. éviter les gestes désordonnés, rester calme et lucide,
  2. agir vite pour ne pas prendre trop de vitesse,
  3. avant tout essai de freinage, placer et maintenir le corps dans une position normale: tête vers le haut et pieds vers le bas,
  4. avec les crampons, maintenir les pieds soulevés pour qu’ils n’accrochent pas la neige.

En neige molle

Commencer par maintenir le piolet bien dégagé du corps, en le tenant par le manche puis se placer sur le dos et se redresser brusquement en prenant appui sur les talons; courir dans la pente en ralentissant progressivement.

En neige dure

Le freinage se fait avec le piolet. Positionner rapidement le corps de telle sorte que la tête soit côté amont et les pieds côté aval. Une fois en bonne position, se placer sur le côté et planter le pic du piolet dans la neige à hauteur de l’épaule. Se freiner progressivement à l’aide du pic, une main toujours sur le manche, l’autre exerçant une pression sur la tête du piolet (voir la vidéo).

Sur glace ou neige très dure

La glissade est presque impossible à enrayer. Il faut néanmoins s’efforcer de freiner la glissade au maximum pour que le choc sur la corde soit le moins violent possible.

Arrêter une glissade sur la neige n’est pas chose aisée, surtout lorsque le poids du sac entraîne le corps tête vers le bas. La rapidité d’exécution nécessite des réflexes qui ne peuvent s’acquérir que par la pratique. Pour cela, choisir une pente suffisamment raide mais pas trop longue, se terminant par un replat, et s’exercer à stopper les glissades provoquées par différents types de chutes.

Le piolet m’accompagne partout.
En haute et moyenne montagne il fait souvent sourire les « alpinistes » en shorts et baskets. Qu’importe, il m’a souvent rendu service; même sur des pentes de terre ou en herbe.

Progression sur neige et glace

Vous avez dit équilibre ?

Dans le rocher, le fait de pouvoir saisir avec les mains une bonne prise et ensuite y poser le pied donne une impression de sécurité et engendre la confiance.

Sur la neige et sur la glace, en revanche, on ne s’accroche à rien. C’est pourquoi, encore plus que dans le rocher, il importe d’acquérir un très bon sens de l’équilibre.

Quelle que soit l’inclinaison de la pente, le corps doit rester vertical, bien d’aplomb sur les pieds.

Dès le début de l’apprentissage de la technique, il faut, à l’évidence, utiliser le piolet qui constitue le troisième point d’appui.

Cependant, après que chaque nouveau mouvement ait été étudié, Gaston Rébuffat conseille de refaire le même mouvement sans l’aide du piolet, et il ajoute:

« …ainsi, par voie de conséquence, il (le montagnard) aura automatiquement le corps vertical, d’aplomb, ses crampons mordront bien, et surtout il prendra conscience de son équilibre en se rendant compte qu’il tient – et plus d’une fois il en sera lui-même surpris – pourquoi il tient et dans quelle mesure; inversement il réalisera que si son centre de gravité venait à passer à l’extérieur de sa base, c’est-à-dire de ses pieds, il serait en perte d’équilibre, et tomberait. »

Le même conseil est prodigué concernant les crampons. Bien que ceux-ci soient un élément de sécurité, au même titre que le piolet, le débutant devrait s’entraîner à progresser sans crampons en tapant simplement du pied sur des pentes de neige allant jusqu’à 40 degrés et en taillant des marches sur des pentes de glace raides.

« …il y gagnerait beaucoup en connaissance de son équilibre et accroîtrait sa sûreté et son aisance lorsque, par la suite, il devra traverser sans crampons un couloir de neige ou de glace pour, par exemple, poursuivre une escalade rocheuse. »

La technique de progression va tout naturellement dépendre de la qualité de la neige ou de la glace, et de l’inclinaison de la pente.

Qualité de la neige et de la glace

Selon la consistance, on peut distinguer quatre types de neige et deux types de glace.

 

Neiges molles

Elles comprennent la neige fraîche poudreuse, la neige fraîche humide, la neige soufflée et pâteuse apportée par le vent et en partie transformée, ainsi que la neige pourrie.

Neiges cassantes

Aussi appelées neiges croûtées, c’est de la neige molle recouverte d’une croûte dure plus ou moins épaisse qui casse sous le poids du grimpeur.

Neiges dures

Neiges consistantes et stables qui permettent de progresser sans crampons – il suffit de taper avec le bout du soulier pour créer une marche suffisamment profonde pour assurer une progression rapide et sûre.

Neiges glacées

Sur ces neiges la semelle ne mord pas, ou à peine. Le grimpeur doit obligatoirement tailler des marches ou utiliser les crampons.

Glaces granuleuses

Ce sont des types de glaces que l’on rencontre à la surface des glaciers non recouverts de neige ou sur les pentes biens exposées au soleil. Elles sont assez tendres mais nécessitent quand même la taille des marches ou l’utilisation des crampons.

Glaces dures

Ce sont des glaces que l’on rencontre souvent dans les couloirs. Elles sont généralement très dures, d’un aspect vitreux. Ce sont des glaces très difficiles à travailler.

Inclinaison de la pente

Les pentes faibles ont jusqu’à 25 degrés d’inclinaison, les pentes moyennes vont de 25 à 40 degrés, les pentes fortes de 40 à 50 degrés et les pentes très fortes se dressent au-dessus de 50 degrés.

Ces chiffres, toutefois ne sont qu’une indication, car la qualité importe plus que la raideur. Il est préférable d’escalader un mur de neige dure de 45 degrés en bonne condition qu’une pente de 35 degrés en neige instable.

Pour information, la pente moyenne des grandes faces de neige et de glace des Alpes varie entre 45 et 55 degrés.

Techniques de descente en rocher

Techniques de descente en rocher

A moins de redescendre en parapente, toute ascension a pour contrepartie une descente. Le débutant a tendance à considérer que la descente est un exercice beaucoup plus périlleux que la montée.

Ce n’est pas toujours le cas. Tout passage franchi en escalade libre à la montée devrait pouvoir l’être à la descente. Ce principe, trop souvent oublié, s’il n’est pas toujours applicable en terrain difficile, est à respecter scrupuleusement en terrain facile. Il est un facteur important de sécurité.

Les principes généraux de l’escalade s’appliquent également à la descente. Mais alors qu’à la montée il est conseillé de faire des mouvements de faibles ampleurs, à la descente c’est l’inverse, les mouvements doivent être amples et la recherche de prises éloignées conseillée.

A la descente la progression se fait en trois temps:

  1. descendre les mains très bas, si possible au niveau des pieds,
  2. repérer à vue les prises possibles pour les pieds et,
  3. descendre les pieds le plus bas possible de façon à se retrouver soit les mains sous les aisselles (descente face au vide) soit les bras presque tendus (descente face au rocher).

Dans la mesure du possible la descente se fera face au vide. Cette technique permet de mieux voir les prises et de mieux orienter la progression. De plus elle est très rapide.

On peut aussi descendre de côté, une seule main suffit alors à maintenir l’équilibre. Sûre, rapide tout en étant moins impressionnante que la descente face au vide, la descente de côté est conseillée au débutant en terrain peu difficile.

La descente face au rocher (en marche arrière) est sûre mais très lente. Le montagnard voit très mal les prises à utiliser et avant chaque mouvement il doit souvent lâcher une main et se tourner fortement sur le côté pour voir en dessous de lui.

Si la descente selon les moyens naturels expliqué ci-dessus n’est pas possible, il faut utiliser un moyen artificiel en installant un rappel de corde.

La technique du rappel de corde est complexe et doit être apprise en école d’escalade

Allez on grimpe !…

…ou une longueur dans la vie d’un montagnard

Le décor

Deux alpinistes au pied d’une voie. Ils sont équipés. Baudrier, sur lequel pend la quincaillerie; corde, fixée directement au baudrier par un noeud de huit; casque; anneaux passés par dessus le sac; gants de cuir sans doigts.

(Les gants, hormis qu’ils protègent du froid, protègent également les mains de celui qui grimpe lors des coincements et de celui qui assure au cas où il devrait retenir une chute.)

Le second est solidement amarré à deux point fixes inarrachables. Il assure le premier par l’intermédiaire d’un mousqueton à vis placé dans l’un des deux points fixes et d’un demi noeud d’amarre (ou demi-cabestan).

La corde a été démêlée et repose à distance respectueuse des pieds. Les boucles ont été arrangées de telle sorte que les premières à se dérouler se trouvent sur le dessus du lot.

Il a pris soin de passer la corde dans un premier relais intermédiaire car il sait que les chutes qui se produisent entre le relais et le premier assurage intermédiaire sont les plus graves (voir Facteurs de chute).

 

Action

Le premier débarrasse les semelles de ses chaussures des résidus de neige ou de gravier, étudie l’enchaînement des premiers mouvements et une fois prêt, démarre.

– J’y vais !

– OK

Le second regarde son compagnon et lui donne suffisamment de « mou » (de corde) pour ne pas le gêner dans sa progression.

A peine franchis les premiers deux ou trois mètres, le grimpeur place son deuxième assurage intermédiaire.

Le second reste très attentif; la pose d’un assurage est toujours chose délicate.

Le premier tire sur la corde pour pouvoir la passer dans le mousqueton de la dégaine qu’il a fixé au coinceur (ou piton) installé juste au-dessus de lui.

– Du mou !

Le second dévide rapidement un peu de corde tout en se réprimandant de ne pas avoir anticipé la demande.

Maintenant que ces relais intermédiaires sont en place il sait qu’en cas de chute du premier il sera tiré vers le haut, et il se demande avec anxiété si son auto-assurage a été bien pensé et correctement réalisé.

Pendant ce temps, le premier a encore progressé et il se trouve maintenant sur de bonnes prises. Il profite de cette position confortable pour relaxer ses bras et ses jambes et pour étudier les enchaînements suivants.

– Je continue !

– OK !

Après quelques pas et le passage d’une écaille, tout à coup il disparaît aux yeux de son compagnon derrière l’arête.

Le second ne le voit plus. Il regarde maintenant le bout de corde qui s’élève devant lui et s’assure qu’il y a toujours suffisamment de mou.

Cela fait un moment que la corde ne bouge plus.

– Ca va ?

Pas de réponse. une poignée de secondes plus tard:

– CA VAAA ???

– OUAIS ! DU MOU !

– TIRE !!!

La corde doit probablement frotter quelque part et le premier a l’impression que le compagnon ne lui donne pas assez de corde.

Ca repart. Il y a un bon moment que le milieu de la corde est passé par le mousqueton d’assurage et le second surveille maintenant ce qu’il en reste.

– DIX METRES ! DIX !

Le premier sait alors qu’il est temps de chercher un relais. Il faut qu’il s’arrête avant d’arriver en bout de corde. La corde s’arrête de nouveau. Quelques instants plus tard.

– Relais !

Le second sait que le premier est auto-assuré et il défait l’assurage dynamique. Il reste néanmoins lui-même auto-assuré.

– AVALE !!

la corde se met en mouvement et finit par être tendue.

– Tu peux venir !

Le second défait son auto-assurage et récupère le matériel.

– JE VIENS ! SEC ! et il démarre.

 

 

Ce court extrait d’un long métrage sur une course en montagne illustre parfaitement la nécessité de pouvoir communiquer de façon claire et précise entre les membres d’une cordée.