Les vêtements
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écrit par Wladimir T.

chef de course et instructeur au Club Alpin Suisse

Le 4 mars 2013

Il en va des vêtements comme il en va de la nourriture. Chacun à ses préférences et toujours de bonnes raisons de choisir ceci plutôt que cela. En outre, n’ayant pas utilisé dans le terrain tous les types de vêtements, il ne m’est pas possible d’en faire un inventaire commenté complet. Je vais me contenter d’indiquer quelques principes de base et vous faire part de mes expériences. Quels qu’ils soient, ils doivent être chauds, légers, solides et confortables.

Vêtements de corps et de protection

Les progrès réalisés au niveau des fibres synthétiques ainsi que les méthodes actuelles de tissage et de coupe font que le montagnard se trouve en présence d’un choix important d’habits de qualité.

Les fibres synthétiques qui composent les tissus dans lesquels sont taillés la plupart des vêtements de montagne sont hydrophobes, c’est à dire qu’elles ont une propension naturelle à ne pas fixer l’humidité. Cela donne des vêtements qui se « mouillent » plus difficilement, et surtout qui sèchent beaucoup plus rapidement que ceux confectionnés dans des tissus de fibres naturelles.

Pour les vêtements de corps, éviter les articles en coton qui retiennent la transpiration et qui sèchent très lentement. Utiliser des sous-vêtements, des polos et des pulls en fibres synthétiques. Éventuellement en laine, car la laine retient la chaleur même lorsqu’elle est humide; attention cependant aux peaux sensibles qui ne supportent pas le contact avec cette fibre.

A l’usage, je me suis rendu compte que le tout synthétique était plus efficace que la superposition de tissus synthétiques et naturels. Il faut se souvenir que la protection contre le froid est plus efficace si l’on superpose plusieurs couches fines de tissus plutôt qu’une seule couche de tissus épais.

Pour les vêtements de protection, je serais enclin à conseiller aussi l’utilisation d’articles confectionnés dans des tissus synthétiques avec une réserve cependant s’agissant des anoraks ou vestes taillés dans ces tissus qui, soit disant, laissent échapper la transpiration tout en protégeant des intempéries.

Mon expérience en la matière n’a pas été concluante. Dans des conditions d’efforts importants tels qu’on les vit en montagne la perméabilité de ces tissus à la transpiration n’est pas démontrée. En outre, l’imperméabilité à la pluie n’est pas garantie au niveau des zones de pression, ou plus spécifiquement, à l’endroit ou les bretelles du sac appuient et frottent sur le vêtement.

Pantalons

La mode actuelle est aux pantalons longs. Si on le prend long, éviter qu’il soit trop large ou bouffant à cause des crampons qui auraient tendance à s’accrocher au tissu.

Choisir des pantalons en tissus synthétiques, de préférence en élastiss pour faciliter les mouvements, et éviter ceux en velours ou en draps qui sont lourds et long à sécher. Par temps froid, il est préférable de mettre un collant sous un pantalon fin (superposition de couches).

Éventuellement, prévoir un ensemble veste-pantalons en nylon imperméable (petit volume et faible poids), très efficace par mauvais temps, surtout s’il y a un risque de bivouac.

Chaussettes

Les chaussettes doivent être assez hautes pour couvrir éventuellement les genoux. Le haut des chaussettes, plié et rabattu sur la tige des chaussures peut remplacer les  » stop-tout  » et éviter ainsi que la neige ou les cailloux ne pénètrent. Les chaussettes en pure laine vierge sont efficaces contre le froid. Pour accroître encore la protection et le confort, on peut y adjoindre des socquettes de soie.

Gants

Pour les courses de neige, prévoir des gants ou des moufles en laine ou en tissu synthétique doublé de fourrure polaire. Pour l’escalade rocheuse et l’assurage se munir de gants en cuir fin à bout de doigts bien ajustés, ou sans bout de doigts (type gants de cycliste). Si l’on a oublié ses gants ou qu’on les a perdu, une paire de chaussettes peut être utilisée comme moufles.

Coiffe

La meilleure façon de protéger la tête du froid est de choisir une coiffe qui puisse, si besoin est, protéger les oreilles et la nuque. L’antique passe-montagne me paraît toujours être un bon choix. Il faut se souvenir que l’on perd beaucoup de calories par la tête (jusqu’à 30%). Pour avoir chaud aux mains couvrir la tête !

Guêtres

L’acquisition de guêtres est fonction du pantalon que l’on utilise. Si le pantalon est long, avec une fermeture efficace au niveau de la chaussure alors on peut faire une économie de poids et d’argent en n’achetant pas de guêtres. Dans le cas contraire, il est indispensable d’avoir une paire de guêtres qui empêche le neige et les petits cailloux de pénétrer dans la chaussure. Quant à moi, j’utilise principalement des mini guêtres appelées aussi « stop-tout ».

Duvet

Beaucoup de montagnards semblent avoir abandonnés la veste duvet sous prétexte qu’une fois mouillée elle retient peu la chaleur et est longue à faire sécher. Pour ma part, je trouve au duvet tellement d’avantages (c’est toujours le meilleur rapport efficacité/poids/volume) que je continue à mettre au fond de mon sac une petite veste duvet qui me suit partout et qui m’offre un confort de vie inégalé en altitude.

Lunettes

Ne pas oublier les lunettes; à verres filtrants et protège-côtés, légères, incassables et protégées par un solide étui. Indice 4 minimum.

Remarque générale concernant le choix des vêtements d’altitude et leur qualité d’imperméabilité

Il faut savoir qu’en altitude, lorsque le mauvais temps arrive, en général il ne pleut pas, il neige. Or, la neige, surtout quand elle est froide, ne mouille pas. En revanche il fait froid. Donc, ce qu’il faut ce n’est pas tant des vêtements qui protègent de l’humidité extérieure mais des vêtements qui permettent à la transpiration de s’évacuer pour que le corps reste sec et puisse mieux supporter le froid.
S’il pleut, c’est que l’on se trouve à une altitude moindre, donc plus prêt d’un refuge ou du fond de la vallée, et donc le fait d’être mouillé de l’extérieur a moins d’importance.

Privilégiez des vêtements de couleurs vives afin de faciliter les recherches en cas de besoin.

Un dernier conseil: toujours avoir au fond du sac une petite pochette dans laquelle seront mis, une cagoule et une paire de gants en soie, une paire de sur-mouffles en nylon, une couverture de survie et une paire de lacets de rechange.

Transpirer dans un vêtement imperméable n’est pas mon truc. Quand il pleut, j’utilise un petit parapluie pliable.
Ça fait sourire, mais qu’est-ce-que je suis bien !

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bonnes courses !