… ou une longueur dans la vie d’un montagnard
Le décor
Deux alpinistes au pied d’une voie. Ils sont équipés. Baudrier, sur lequel pend la quincaillerie; corde, fixée directement au baudrier par un noeud de huit; casque; anneaux passés par dessus le sac; gants de cuir sans doigts.
(Les gants, hormis qu’ils protègent du froid, protègent également les mains de celui qui grimpe lors des coincements et de celui qui assure au cas où il devrait retenir une chute.)
Le second est solidement amarré à deux point fixes inarrachables. Il assure le premier par l’intermédiaire d’un mousqueton à vis placé dans l’un des deux points fixes et d’un demi noeud d’amarre (ou demi-cabestan).
La corde a été démêlée et repose à distance respectueuse des pieds. Les boucles ont été arrangées de telle sorte que les premières à se dérouler se trouvent sur le dessus du lot.
Il a pris soin de passer la corde dans un premier relais intermédiaire car il sait que les chutes qui se produisent entre le relais et le premier assurage intermédiaire sont les plus graves (voir Facteurs de chute).
Action
Le premier débarrasse les semelles de ses chaussures des résidus de neige ou de gravier, étudie l’enchaînement des premiers mouvements et une fois prêt, démarre.
– J’y vais !
– OK
Le second regarde son compagnon et lui donne suffisamment de « mou » (de corde) pour ne pas le gêner dans sa progression.
A peine franchis les premiers deux ou trois mètres, le grimpeur place son deuxième assurage intermédiaire.
Le second reste très attentif; la pose d’un assurage est toujours chose délicate.
Le premier tire sur la corde pour pouvoir la passer dans le mousqueton de la dégaine qu’il a fixé au coinceur (ou piton) installé juste au-dessus de lui.
– Du mou !
Le second dévide rapidement un peu de corde tout en se réprimandant de ne pas avoir anticipé la demande.
Maintenant que ces relais intermédiaires sont en place il sait qu’en cas de chute du premier il sera tiré vers le haut, et il se demande avec anxiété si son auto-assurage a été bien pensé et correctement réalisé.
Pendant ce temps, le premier a encore progressé et il se trouve maintenant sur de bonnes prises. Il profite de cette position confortable pour relaxer ses bras et ses jambes et pour étudier les enchaînements suivants.
– Je continue !
– OK !
Après quelques pas et le passage d’une écaille, tout à coup il disparaît aux yeux de son compagnon derrière l’arête.
Le second ne le voit plus. Il regarde maintenant le bout de corde qui s’élève devant lui et s’assure qu’il y a toujours suffisamment de mou.
Cela fait un moment que la corde ne bouge plus.
– Ca va ?
Pas de réponse. une poignée de secondes plus tard:
– CA VAAA ???
– OUAIS ! DU MOU !
– TIRE !!!
La corde doit probablement frotter quelque part et le premier a l’impression que le compagnon ne lui donne pas assez de corde.
Ca repart. Il y a un bon moment que le milieu de la corde est passé par le mousqueton d’assurage et le second surveille maintenant ce qu’il en reste.
– DIX METRES ! DIX !
Le premier sait alors qu’il est temps de chercher un relais. Il faut qu’il s’arrête avant d’arriver en bout de corde. La corde s’arrête de nouveau. Quelques instants plus tard.
– Relais !
Le second sait que le premier est auto-assuré et il défait l’assurage dynamique. Il reste néanmoins lui-même auto-assuré.
– AVALE !!
la corde se met en mouvement et finit par être tendue.
– Tu peux venir !
Le second défait son auto-assurage et récupère le matériel.
– JE VIENS ! SEC ! et il démarre.
Ce court extrait d’un long métrage sur une course en montagne illustre parfaitement
la nécessité de pouvoir communiquer de façon claire et précise entre les membres d’une cordée.
… or a length in the life of a mountaineer
The setting
Two climbers at the foot of a route. They are equipped. Harness, with hardware hanging from it; rope, attached directly to the harness by a figure-of-eight knot; helmet; rings passed over the rucksack; fingerless leather gloves.
(As well as protecting against the cold, gloves also protect the climber’s hands in the event of entrapment and the belayer’s hands in the event of a fall).
The second is firmly attached to two fixed points that cannot be torn. It secures the first by means of a screw carabiner placed in one of the two fixed points and a half-knot (or half-cabstan).
The rope has been untangled and lies at a respectful distance from the feet. The loops have been arranged so that the first to unwind are at the top of the pack.
He has taken care to put the rope through a first intermediate belay because he knows that falls between the belay and the first intermediate belay are the most serious (see Fall factors).
Action
The first rids the soles of his boots of any snow or gravel residue, studies the sequence of the first movements and, once he’s ready, sets off.
– I’m off!
– OK
The second looks at his companion and gives him enough « slack » (rope) so as not to hinder his progress.
As soon as the first two or three metres have been climbed, the climber places his second intermediate belay.
The second remains very attentive; the installation of a belay is always a delicate matter.
The first climber pulls on the rope to pass it through the carabiner on the quickdraw, which he has attached to the belay device (or piton) just above him.
– Slack!
The second quickly unwound a bit of rope while berating himself for not having anticipated the demand.
Now that these intermediate belays are in place, he knows that if the first falls, he will be pulled up, and he wonders anxiously if his self-belay has been well thought out and correctly executed.
In the meantime, the first guy has made further progress and is now on good holds. He takes advantage of this comfortable position to relax his arms and legs and to study the following sequences.
– I’ll carry on!
– OK!
After a few steps and the passage of a scale, he suddenly disappeared from his companion’s view behind the ridge.
The mate can’t see him any more. He’s now looking at the piece of rope rising in front of him and making sure there’s still enough slack.
The rope hasn’t moved for a while.
– Are you OK?
No answer. A handful of seconds later:
– ARE YOU OK ???
– YEAH ! SLACK !!
– UP ROPE !!!
The rope is probably rubbing somewhere and the first rider has the impression that his partner is not giving him enough rope.
Here we go again. It’s been a while since the middle of the rope went through the belay carabiner and the first mate is now watching what’s left of it.
– TEN METRES! TEN!
The first knows that it’s time to look for a belay. He has to stop before reaching the end of the rope. The rope stops again. A few moments later.
– Belay !
The second knows that the first is self-belaying and undoes the dynamic belay. Nevertheless, he remains self-assured.
– UP ROPE !!
the rope starts to move and ends up taut.
– You can come!
The second man undoes his self-belay and retrieves the equipment.
I’M COMING! TIGHT…! and off he goes.
This short extract from a feature film about a mountain race illustrates perfectly
the need to be able to communicate clearly and precisely between the members of a roped party.
Je vous remercie bien pour cette incroyable source de donnee.nn1