Distances d’encordement / Roping distances

Distances d’encordement / Roping distances

La distance d’encordement est fonction
de la nature du terrain,
de la difficulté et de la longueur des passages

En terrain rocheux facile

Les deux membres de la cordée progressent ensemble à environ deux mètres d’intervalle et corde tendue. Le leader tient deux ou trois mètres de corde dans la main afin de pouvoir négocier un pas délicat sans déséquilibrer son compagnon, ou pour assurer le second sur un bref passage. Ces anneaux sont lovés régulièrement dans la main et se terminent par un tour mort autour de la main.

En terrain assez difficile

Chaque membre progresse à tour de rôle, assuré par son compagnon. La distance d’encordement sera un peu plus longue que la distance entre chaque relais, afin que le premier de cordée puisse atteindre le relais supérieur, et qu’en cas de chute lors du dernier rétablissement il puisse encore bénéficier d’un assurage dynamique.

Si la progression pendant une portion de l’ascension devient facile, au lieu de conserver de nombreux anneaux dans la main, ce qui est encombrant et peut être dangereux, il est préférable de réduire la distance d’encordement en faisant des anneaux autour du buste (voir la vidéo).

Ce type de manœuvre de corde est souvent utilisé lors d’une course.

Savoir l’utiliser fait gagner beaucoup de temps.

Sur glacier découvert facile

Les membres s’encordent à faible distance l’un de l’autre afin d’éviter que la corde ne traîne sur la glace et les cailloux. Le plus expérimenté peut garder deux ou trois anneaux dans la main.

Sur glacier recouvert de neige

L’intervalle entre les deux membres devra être beaucoup plus grand (au moins 15 mètres) et la progression se fera corde tendue sans anneaux à la main. Chaque membre aura fait une réserve de corde autour du buste afin de pouvoir installer un mouflage au cas ou l’un ou l’autre sentirait tout à coup le vide sous ses pieds. Chacun aura également installé une poignée sur la corde sous forme d’une boucle de cordelette fixée à l’aide d’un nœud de prussik. La poignée permet de tenir la corde et aide à retenir une chute. Elle permet également de bloquer la corde en fixant la poignée à une broche à glace par l’intermédiaire d’un mousqueton.

Tout en progressant, chacun doit penser à celui qui le suit et adapter sa vitesse de marche en conséquence. Celui qui vient de franchir lentement un passage délicat ne devra reprendre sa vitesse antérieure, plus rapide, que lorsque les suivants l’auront franchi également. Ceci est également approprié lors des changements de direction.

Sur une arête

Sur une arête de rocher ou de neige sans difficultés particulières mais relativement étroite, où une chute peut avoir des conséquences dramatiques, et si les membres de la cordée jugent pouvoir progresser ensemble, ils le feront en étant encordés très court – juste pour ne pas se marcher sur les talons – et seul le premier de cordée aura un nombre réduit d’anneaux à la main.

De cette manière, il pourra « sentir » les réactions de son compagnon et rétablir un équilibre qui se rompt avant que celui-ci ne se transforme en chute.

Corde toujours tendue !

Lors de la progression, la corde doit toujours être tendue pour éviter qu’elle s’accroche, se coince, détache des pierres, se prenne dans les jambes et déséquilibre le grimpeur, et pour permettre d’enrayer une glissade avant qu’elle n’ait pris trop de vitesse.

The roping distance depends on
the nature of the terrain,
the difficulty and length of the passages

On easy rocky terrain

The two members of the rope party progress together, about two metres apart and with the rope taut. The leader holds two or three metres of rope in his hand in order to negotiate a delicate step without unbalancing his companion, or to belay the second on a short passage. These rings are coiled evenly in the hand and end with a dead loop around the hand.

In fairly difficult terrain

Each member progresses in turn, supported by his companion. The roping-in distance will be slightly longer than the distance between each belay point, so that the leader can reach the next belay point, and in the event of a fall during the final recovery can still benefit from a dynamic belay.

If you have an easy part of the climb, instead of keeping a lot of rings in your hand, which is cumbersome and can be dangerous, it’s better to reduce the roping distance by making rings around the chest (see video).

This type of rope manoeuvre is often used during a race.
Knowing how to use it saves a lot of time.

On an open glacier, easy

Members rope up close together to avoid the rope dragging on ice and rocks. The most experienced can keep two or three rings in his hand.

On a snow-covered glacier

The distance between the two members should be much greater (at least 15 metres) and the progression should be made with the rope taut and without hand rings. Each member will have made a reserve of rope around the chest in order to be able to install a haul rope in case one or the other suddenly feels the void under their feet. Each member will also have installed a handle on the rope in the form of a loop of cord secured with a prussik knot. The handle holds the rope and helps prevent a fall. It can also be used to secure the rope by attaching the handle to an ice screw using a carabiner.

As you move forward, you need to think about the person behind you and adapt your walking speed accordingly. A person who has just negotiated a tricky section slowly should only return to his or her previous, faster speed once the others have done the same. This is also appropriate when changing direction.

On a ridge

On a relatively narrow ridge of rock or snow with no particular difficulties, where a fall can have dramatic consequences, and if the members of the rope party feel they can progress together, they will do so roped up very short – just so as not to step on each other’s heels – and only the leader will have a reduced number of rings in his hand.

In this way, he can « feel » his companion’s reactions and re-establish a balance that is breaking down before it turns into a fall.

Rope always taut !

When climbing, the rope must always be taut to prevent it from catching, jamming, detaching stones, getting caught in the legs and unbalancing the climber, and to stop a slide before it has gained too much speed.

Distances d’encordement / Roping distances

Noeuds d’encordement / Tying knots

Pour s’encorder

Pour une cordée de deux,

chaque membre s’attache en bout de corde en utilisant un nœud de huit.

Pour une cordée de plus de deux membres,

ceux qui s’attachent entre les extrémités de la corde utiliseront de préférence un noeud de pêcheur simple.

Il a l’avantage d’être moins volumineux que le nœud de huit .

Ne jamais utiliser de mousqueton pour fixer la corde au baudrier.

To rope up

For a party of two,

Each member is tied at the end of the rope using a figure-of-eight knot.


For a party of more than two members,

Those tying between the ends of the rope should preferably use a simple fisherman’s knot.

It has the advantage of being less bulky than the figure-of-eight knot.

 

Never use a karabiner to attach the rope to the harness.

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Composition de la cordée / Composition of the roped party

Composition de la cordée

Une cordée normale est composée de deux personnes. Une cordée de trois est plus sûre mais moins rapide, et en montagne la sécurité est aussi fonction de la rapidité.

Une heureuse solution est la combinaison de deux cordées de deux montagnards.

La sécurité dépend également de la compétence des participants.

Une cordée de deux, formée d’un fort et d’un faible, est moins sûre qu’une cordée de trois composée de deux forts et d’un faible, mais elle est plus sûre qu’une cordée de trois comprenant un fort et deux faibles. Dans ce dernier cas de figure, le fort s’attache au milieu de la corde et chacun de ses compagnons s’attache à une extrémité; c’est l’encordement « en flèche ».

Lorsque la valeur de chacun des trois membres est inégale, les positions dans la cordée devront être considérées en fonction des capacités de chacun. Le choix du second devra tenir compte de la nature du terrain et des contraintes d’assurage du premier.

Sur un glacier couvert de neige où les risques d’une chute dans une crevasse sont importants, il est plus sûr de former une cordée de quatre plutôt que de progresser sous forme de deux cordées de deux indépendantes.

A la descente, contrairement à la pratique courante selon laquelle le plus expérimenté se trouve en bout de cordée, il est souvent préférable que celui-ci marche en tête. Il sera le plus à même de choisir le cheminement le plus sûr et déjouer les pièges du glacier.

Composition of the roped party

A normal rope party is made up of two people. A party of three is safer but slower, and in the mountains safety is also a function of speed.

A good solution is to combine two roped parties of two climbers.

Safety also depends on the skill of the participants.

A two-person rope made up of one strong person and one weak person is less safe than a three-person rope made up of two strong people and one weak person, but it is safer than a three-person rope made up of one strong person and two weak people.
In the latter case, the strong man attaches himself to the middle of the rope and each of his companions attaches himself to one end; this is known as « arrow » roping.

When the value of each of the three members is unequal, the positions in the rope should be considered according to the abilities of each. The choice of the second should take into account the nature of the terrain and the belay constraints of the first.

When the value of each of the three members is unequal, the positions in the rope should be considered according to the abilities of each. The choice of the second should take into account the nature of the terrain and the belay constraints of the first.

On the descent, contrary to the usual practice whereby the most experienced climber is at the end of the rope, it is often preferable for the most experienced climber to lead. He will be in the best position to choose the safest route and avoid the pitfalls of the glacier.

Distances d’encordement / Roping distances

Avant-propos sur la codée / Foreword on roped party

avant-propos sur la cordée

« La haute montagne nous procure bien des plaisirs: beauté des paysages, silence, joie de l’escalade…,
mais le meilleur de tous les plaisirs est celui de l’amitié de la cordée »  Gaston Rébuffa

foreword on the roped party

 

« The high mountains give us many pleasures: the beauty of the scenery, the silence, the joy of climbing…,
but the best of all pleasures is that of the friendship of the roped party »  Gaston Rébuffa

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Cas particuliers / Special cases

Les cas particuliers d’un glacier

Ce schéma montre comment se forment
les rimayes,
les séracs,
et les crevasses.

 

 

Schéma avalanche-net

rimayes

Ce sont des crevasses qui se forment au pied des parois rocheuses ou des couloirs de glace, lorsqu’il y a un brusque changement dans l’inclinaison de la pente.

En début de saison, elles sont souvent partiellement bouchées par des restes de coulée de neige provenant des pentes supérieures. Pour les franchir, prendre les mêmes précautions que dans le cas des crevasses.

En fin de saison, elles sont beaucoup plus ouvertes et présentent souvent une dénivellation importante entre la lèvre inférieure et la lèvre supérieure. Elles deviennent alors beaucoup plus difficiles à négocier. Si la neige est molle et instable il ne faut pas hésiter à enfoncer les bras le plus profondément possible. Parfois il est nécessaire de pratiquer la courte-échelle. Dans des cas extrêmes, le grimpeur est parfois amené à utiliser des techniques de progression artificielle.

L’endroit où se franchit la rimaye doit être choisi avec soin. Il faut tenir compte non seulement de sa difficulté mais aussi de son exposition aux chutes de pierres ou de glace.

Pour cette raison, il est bon d’aller repérer le meilleur passage la veille de la course et, si besoin est, de l’équiper.

A la descente, les précautions à prendre sont à peu près les mêmes qu’à la montée. Si la rimaye est ouverte, il faut la sauter en étant très souple à la réception. Si elle est trop haute, il faut poser un rappel.

Séracs

Un sérac est un bloc de glace de grande taille formé par la fracturation (dépassement du seuil de plasticité de la glace) d’un glacier. Étant donné que les glaciers « coulent » continuellement, des pans de séracs peuvent s’écrouler de façon soudaine et imprévisible à n’importe quel moment.

Traverser une zone de sérac est extrêmement dangereux pour les montagnards. On parle de risque objectif. Chaque année, les chutes de séracs sont  à l’origine de nombreux accidents.

Crevasses (ouvertes)

Si elle est en glace, on saute à l’endroit où elle est la plus étroite, mais aussi à l’endroit où les aires d’élan et de réception sont les meilleures.

Si elle est en neige, se déplacer latéralement pour voir si les lèvres de la crevasse sont surplombantes, puis, bien assuré, avancer jusqu’au bord en tassant la neige sous les pieds. Si la crevasse n’est pas trop large, sauter du bord, sinon revenir quelques pas en arrière pour prendre son élan.

Tenir le piolet légèrement en avant et de côté, être souple à la réception. Si l’on juge que la réception est délicate enlever les crampons.

Crevasse couverte et pont de neige

Il faut apprendre à deviner les crevasses couvertes, ce sont les plus dangereuses. Au printemps ou en été, elles sont décelables par l’aspect de la neige qui les recouvre: celle-ci est mate, sa surface est légèrement incurvée et parfois parcourue de petites fentes.

Dans la mesure du possible, contourner la crevasse. Si cela n’est pas possible, utiliser un pont de neige pour la franchir. Bien assuré par le second, le premier de cordée avance avec prudence, sans à coups, en sondant la neige avec son piolet.

En cas d’effondrement, se jeter vivement en avant ou en arrière de tout son long, sans lâcher le piolet. Si le pont paraît fragile, passer « à quatre pattes », ou même en rampant, afin de répartir le poids du corps sur une plus grande surface. Si le pont de neige est incliné ne pas hésiter à se laisser glisser.

Les ponts de neige sont particulièrement dangereux aux premières neiges et en cas de redoux.

Corniches

Elles se forment sur les arêtes, du côté opposé au vent et surplombent le vide. Leur taille est variable, mais il arrive qu’elles avancent de plus de 20 mètres sur le vide.

Il est impossible d’estimer leur solidité. Il est donc dangereux de progresser sous des corniches ou de s’avancer jusqu’à dominer le vide.

Arêtes de neige

Lorsqu’elles sont en bonne neige et sans corniches, les arêtes ne présentent pas de danger particulier. Les grimpeurs progressent ensemble, en suivant le fil (l’encordement est très court). Si un membre de la cordée tombe d’un côté, l’autre doit sauter du côté opposé de l’arête; c’est le seul moyen de s’en sortir.

Lorsque l’arête est aiguë, le grimpeur progresse en se tenant à califourchon sur l’arête. Ce moyen, s’il n’est pas rapide et, en revanche, très sûr.

Lorsque l’arête est fragile parce qu’elle est en neige instable et/ou bordée d’une corniche, la progression se fait en contrebas en utilisant les techniques de cramponnage en traversée. Dans ce cas, l’assurage est plus délicat. En revanche, si chaque grimpeur a la possibilité de progresser sur le versant opposé, l’assurage est alors automatiquement réalisé.

Special cases of a glacier

This diagram shows how
rimayes,
seracs,
and crevasses
are formed.

 

 

Schéma avalanche-net

rimayes

These are crevasses that form at the foot of rock faces or ice corridors when there is a sudden change in slope.

At the start of the season, they are often partially blocked by remnants of snow flows from the upper slopes. When crossing them, take the same precautions as for crevasses.

At the end of the season, they are much more open and often have a significant gap between the lower and upper lip. This makes them much more difficult to negotiate. If the snow is soft and unstable, don’t hesitate to dig your arms in as deep as possible. Sometimes it is necessary to use a short ladder. In extreme cases, the climber may have to use artificial progression techniques.

The place where the rimaye is crossed must be chosen with care. Consideration must be given not only to its difficulty but also to its exposure to falling rocks or ice.

That’s why it’s a good idea to find the best passage the day before the race and, if necessary, equip it.

On the way down, the precautions to take are much the same as on the way up. If the rimaye is open, you need to jump it, being very flexible on the landing. If the rimaye is too high, use an abseil.

Seracs

A serac is a large block of ice formed by the fracturing (exceeding the ice’s plasticity threshold) of a glacier. Since glaciers are continually « flowing », sections of serac can collapse suddenly and unpredictably at any time.

Crossing a serac zone is extremely dangerous for mountaineers. This is known as an objective risk. Every year, falling seracs are the cause of numerous accidents.

(Open) crevasses

If it’s made of ice, you jump where it’s narrowest, but also where the run-up and landing areas are best.

If the crevasse is in snow, move sideways to see if the lips of the crevasse are overhanging, then, sure-footed, advance to the edge, packing the snow under your feet. If the crevasse is not too wide, jump off the edge, otherwise take a few steps back to gain momentum.

Hold the ice axe slightly forward and sideways and be flexible when landing. If you feel that the landing is delicate, remove the crampons.

Covered crevasses and snow bridges

You need to learn how to spot covered crevasses, as they are the most dangerous. In spring or summer, they can be detected by the appearance of the snow that covers them: it is matt, its surface is slightly curved and sometimes has small cracks in it.

If possible, go around the crevasse. If this is not possible, use a snow bridge to cross it. Securely supported by the second in command, the leader advances cautiously and smoothly, probing the snow with his ice axe.

If the bridge collapses, throw yourself forward or backwards as far as you can without letting go of the ice axe. If the bridge looks fragile, crawl or crawl on all fours to spread your body weight over a larger area. If the snow bridge is sloping, don’t hesitate to let yourself slide.

Snow bridges are particularly dangerous in the first snows and when the weather turns warm.

Corniches

They form on the ridges, on the opposite side to the wind, and overhang the void. Their size varies, but they can sometimes protrude more than 20 metres into the void.

It is impossible to estimate their strength. It is therefore dangerous to progress under ledges or to advance until you dominate the void.

Snow edges

When the snow is good and there are no ledges, the ridges present no particular danger. The climbers progress together, following the rope (the rope is very short). If one member of the party falls to one side, the other must jump to the opposite side of the ridge; this is the only way to get out.

When the ridge is sharp, the climber progresses by straddling the ridge. This is not a fast method, but it is very safe.

When the ridge is fragile because it is made of unstable snow and/or bordered by a cornice, progress is made below using traverse cramponing techniques. In this case, belaying is more delicate. On the other hand, if each climber has the opportunity to progress on the opposite side, the belay is automatically carried out.